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Pour anticiper les prochaines échéances de la campagne de vaccination, le Directeur général de la santé a saisi la Haute Autorité santé le 29 juin 2021 afin d’identifier la nature des données nécessaires pour permettre d’évaluer la pertinence éventuelle d’une dose de rappel chez les personnes ayant reçu une primovaccination complète.

La Haute Autorité de santé a poursuivi la surveillance active des nouvelles données disponibles, avec une attention particulière sur les échecs vaccinaux et les données d’efficacité des vaccins contre la Covid-19 (en vie réelle et dans les essais cliniques) permettant d’identifier rapidement d’éventuelles situations de baisse de la protection conférée par la vaccination et justifiant de ce fait d’envisager une dose de rappel.

Le développement des vaccins contre la Covid-19 demeure toutefois récent et la durée de protection à long terme conférée par la primovaccination complète n’est à ce jour pas connue. S’il n’y a pas de corrélat de protection établi à ce jour, il est désormais démontré que les anticorps neutralisants protègent contre l’infection par le SARS-CoV-2.

Le vaccin Comirnaty (BNT162b2)

Les données actualisées issues de l’essai de phase 3 portant sur plus de 40 000 participants suggèrent ainsi que l’efficacité du vaccin contre la Covid-19 est maintenue au moins jusqu’à 6 mois après la deuxième dose. Malgré une tendance à la baisse progressive de l’efficacité du vaccin sur les formes symptomatiques (baisse d’environ 6% en moyenne tous les 2 mois), ces données suggèrent que l’efficacité du vaccin Comirnaty persiste pendant au moins 6 mois.

Le vaccin Spikevax (mRNA-1273)

Des données actualisées à partir d’un essai de phase 1 ont montré la persistance de titres d’anticorps neutralisants élevés 6 mois après la primovaccination complète chez la plupart des participants, y compris les plus âgés

Le vaccin Vaxzevria (ChAdOx1 nCoV-19)

Les données initiales ont montré l’induction d’une réponse en anticorps neutralisants mais ne comprenaient pas d’information quant à sa persistance au-delà de 2 mois après la vaccination

Le vaccin Covid-19 Janssen

Les données initiales des essais de phase III ont montré la persistance de taux d’anticorps neutralisants pendant au moins 12 semaines, y compris chez les personnes âgées de 65 ans et plus.

Les chiffres

Le taux d’admissions en soins critiques par million d’habitants, en France, est 13,6 fois plus élevé parmi les personnes non vaccinées que parmi les vaccinés (36,7 versus 2,7 par million d’habitants).

Des données rappellent que la vaccination n’empêche pas complètement l’infection ni la transmission et que des clusters de cas de Covid-19 peuvent survenir y compris au sein d’une population où la couverture vaccinale est élevée. Ainsi, dans le contexte de prédominance du variant delta, les données américaines indiquent que, parmi les patients hospitalisés pour Covid-19, si la charge virale des patients vaccinés baisse plus rapidement que celle des non vaccinés (traduisant une moindre transmissibilité probable), elle est néanmoins similaire au moment du diagnostic.

Une revue systématique de la littérature portant sur 30 études conduites au premier semestre 2021 montre que chez les personnes complètement primovaccinées, l’efficacité vaccinale contre les infections symptomatiques et/ou asymptomatiques était de l’ordre de 80-90% et que la protection conférée par la vaccination contre les formes sévères de Covid-19 était très bonne, quels que soient les vaccins utilisés.

Cependant, les études les plus récentes ont mis en évidence une moindre efficacité des vaccins, en particulier contre le variant Delta qui est devenu prédominant dans la plupart des régions du monde dont la France.

Toutefois ces études observationnelles présentent des limites méthodologiques inhérentes qui peuvent affecter les estimations de l’efficacité des vaccins. Ces estimations de l’efficacité en vie réelle doivent donc être interprétées avec précaution et la moindre efficacité suggérée par certaines études récentes nécessite d’être confirmée par d’autres études.

S’il paraît très probable qu’une injection de rappel 6 à 12 mois après une primovaccination complète procurera effectivement un effet « boost », comme c’est le cas pour la plupart des vaccins, l’administration d’une dose de rappel à distance de la primovaccination n’est pas prévue à ce jour dans les autorisations de mise sur le marché conditionnelles des différents vaccins disponibles. Il est au préalable indispensable de disposer de données permettant d’évaluer précisément la tolérance et l’impact d’un tel rappel sur la prévention des formes graves de la maladie après un schéma de primovaccination complet.

À ce jour, la question de la nécessité d’un rappel de vaccin contre la Covid-19 fait l’objet de discussions au niveau international et certains pays ont déjà commencé ou vont commencer très prochainement des campagnes de rappel en population générale (Israël, Allemagne, Suède, Royaume-Uni, Etats-Unis). Toutefois, d’autres pays, en accord avec les préconisations de l’OMS et de l’EMA, attendent des données supplémentaires avant de recommander une dose de rappel en population générale.

Conclusion

Le ministère de la santé a annoncé la mise en place d’une campagne de rappel de vaccination pour certaines populations à risque à partir de mi-septembre.

Les populations ciblées par cette campagne sont

Le Directeur Général de la Santé a interrogé la HAS sur l’opportunité d’étendre à d’autres populations la campagne de rappel prévue à l’automne, et notamment à l’ensemble des personnes de plus de 60 ou 65 ans, aux personnes présentant des comorbidités, aux professionnels de santé, et aux personnes ayant été primovaccinées avec le vaccin Vaxzevria ou le vaccin Covid-19 Janssen.

Cet avis est rendu en amont de la validation par l’agence européenne du médicament de la possibilité d’administrer une dose de rappel, afin d’anticiper l’organisation d’une campagne couplée grippe/Covid-19 dont la mise en œuvre (à partir de la fin de l’automne), n’interviendra qu’après l’avis formel de l’EMA.

La HAS propose, pour éviter tout retard à la vaccination antigrippale et simplifier le parcours vaccinal, de procéder à l’administration concomitante du rappel des vaccins contre la Covid-19 et du vaccin contre la grippe saisonnière dès lors qu’une personne sera éligible aux deux vaccinations, la majeure partie des publics prioritaires ciblés par la campagne vaccinale antigrippale présentant également des facteurs de risques de formes graves de Covid-19.

La HAS recommande de respecter un délai minimal de 6 mois entre la primovaccination complète et l’administration d’une dose de rappel (le début de la campagne de rappel pouvant ainsi débuter au cours de l’automne pour ces populations).

La HAS recommande qu’une deuxième dose avec un vaccin à ARNm (Comirnaty ou Spikevax) soit proposée aux personnes primovaccinées avec le vaccin Covid-19 Janssen à partir de 4 semaines après la première injection.

Toutefois, la HAS considère que l’administration d’une dose de rappel deviendra probablement nécessaire au cours des mois qui viennent, sans qu’il soit encore possible à ce stade de se prononcer précisément, ni sur la population cible ni sur le calendrier. La HAS sera donc amenée à revoir ses recommandations lorsque des données nouvelles le justifieront.

De même, la HAS se prononcera sur la pertinence éventuelle de l’administration d’une dose de rappel chez les personnes qui ont fait une infection post-vaccinale à la lumière de données complémentaires sur ces situations spécifiques.

La HAS est également interrogée sur le type de vaccin à ARNm à privilégier pour la campagne de rappel. La HAS considère que, quel que soit le vaccin utilisé pour la primovaccination, un vaccin à ARNm doit être utilisé pour le rappel mais qu’il n’y a pas d’argument à ce jour pour recommander préférentiellement un vaccin par rapport à l’autre pour la dose de rappel, les deux vaccins à ARNm disponibles (Comirnaty et Spikevax) étant tous les deux très efficaces contre les formes graves de Covid-19, y compris celles liées au variant Delta. Une personne primovaccinée avec le vaccin Comirnaty pourra recevoir une dose de rappel avec le vaccin Comirnaty ou avec le vaccin Spikevax indifféremment, et inversement.

La HAS réaffirme, enfin, que la priorité pour les prochaines semaines est de tout mettre en œuvre afin d’augmenter la couverture vaccinale, en particulier dans la classe d’âge des plus de 80 ans pour laquelle la couverture vaccinale complète est encore insuffisante (79,9%) malgré leur grande vulnérabilité face à la maladie. La HAS rappelle en outre qu’une meilleure couverture vaccinale est nécessaire au niveau mondial pour endiguer la pandémie. Il est également indispensable de maintenir un haut niveau d’adhésion aux mesures barrières, y compris chez les personnes ayant reçu un schéma de vaccination complet, une baisse d’efficacité étant observée vis-à-vis du variant delta, en particulier contre l’infection et la transmission.

L’intégralité de l’avis est à télécharger ici.

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